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veilleur1
2025-11-22
Bulletin n° 22    B 3

#Principal :
culture numérique
numérique responsable
#Secondaire :
RSE
souveraineté numérique
Interêt :
opérationnel
tactique
Média :
actu
Web
Objectif :
comprendre
savoir
Pestel+ :
écologique
technologique

Les projets pour rendre la high tech plus économe en énergie et en ressources ne manquent pas, mais peu sont déployés à grande échelle. C’est pour tenter de corriger le tir que le collectif Limites Numériques vient de dévoiler son "inspirothèque" pleine d’idées pour réinventer le numérique.

Comment rendre le numérique plus écologique ? Alors que les émissions de l’industrie ne cessent de croître à l’ère de l’IA et de la multiplication des appareils, cette question prend de plus en plus de poids dans l’espace public. Et si la trajectoire du secteur ne semble pas tendre vers la sobriété, il existe pourtant des alternatives intéressantes pour changer nos usages et notre vision du numérique, comme le prouve la toute nouvelle "inspirothèque" du collectif Limites Numériques. "Le numérique aurait pu être autrement. La voie qu’il a prise n’est pas la seule possible. On a donc déterré des vieilles idées et mis en avant des nouvelles pour aider la société à imaginer une autre forme de numérique", se réjouit Thomas Thibault, designer chercheur et cofondateur de Limites Numériques. Des expériences "radicales" et "différentes" Concrètement, le site se présente comme un grand catalogue d’idées plus ou moins radicales et plus ou moins transgressives pour paver la voie vers un numérique capable de s’inscrire dans les limites planétaires. 100 petites fiches sont disponibles, chacune listant une "inspiration" qui peut donc aller de la simple présentation d’un ordinateur ultra-réparable à la promotion d’outils comme ce "smartphone en papier" ou ce site qui adapte son design en fonction de l’intensité carbone du mix électrique. Capture d'écran du site de l'inspirothèque de Limites Numériques Des idées en pagailles pour réinventer le numérique "Aujourd’hui, les guides de bonnes pratiques ou d’écoconception proposent de faire la même chose qu’avant avec très peu de perte de confort", regrette Thomas Thibault. L’inspirothèque veut, elle, présenter "des expériences radicales, différentes" avec des réflexions sur les fondements du numérique, sur son modèle économique et ses impacts concrets. On y retrouve donc des projets comme ceux de Commown ou de Telecoop, qui interrogent notre rapport aux écrans au sens large. "On veut casser ce discours de la dématérialisation, du virtuel du cloud. Montrer comment on peut, par les interactions, parler des matérialités techniques". Un portail vers un numérique plus vert Chacune des idées est classée selon son stade d’avancement (simple idée prototype/expérimentation et concept déjà diffusé), selon les licences d’utilisation liées aux éventuels produits présentés et selon les leviers d’action auxquels elle fait appel. On retrouve par exemple 19 idées pour "réduire ou limiter les flux", 15 pour "optimiser la consommation des ressources" et 9 pour "permettre des usages moins numériques"."Il y a un vrai travail d’éditorialisation, d’édition, de catégorisation", note Thomas Thibault, qui précise que de nouvelles "inspirations" arriveront régulièrement par paquet de 5, 10 ou 20. Attention tout de même, "Ce n’est pas parce qu’on a publié une inspiration d’une entreprise que l’on considère qu’elle a une politique à la hauteur des enjeux". L’idée est justement de s’inspirer de ce qui se fait partout sur le globe pour créer des outils adaptés. L’écoconception n’est pas synonyme d’en faire moins ou un truc moche. Elle est aussi créative Thomas Thibault, co-fondateur de limites Numériques Car si le site (bien évidemment écoconçue) est accessible à tous, il s’adresse surtout à celles et ceux qui conçoivent le numérique d’aujourd’hui, afin de leur donner des perspectives différentes de celles dictées par les géants du web. "Notre objectif, c’est de produire du savoir. Le problème, c’est que les chercheurs et chercheuses bossent parfois sur des trucs obscurs. C’est là qu’on intervient", plaisante Thomas Thibault. Et l’appétit semble être là. "On sait que des liens vers une version un peu nullos de l’outil tournait déjà. C’était déjà pas mal diffusé et lu". D’où l’idée d’en faire une version mieux finie. "On a des objectifs à 40 000 vues par an", estime Thomas Thibault.Au-delà du flot de nouvelles inspirations qui devrait arriver dans les prochaines semaines, une partie blog "avec des études de cas" devrait voir le jour et la plateforme a aussi vocation à être traduite en anglais pour toucher plus de monde. "En France, on est parmi les plus avancés sur ces sujets-là, donc il y a une attente, voire même un devoir pour que d’autres pays s’en empare."