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veilleur1
2025-04-23
Bulletin n° 17    C 1

#Principal :
culture numérique
numérique responsable
technique métier
#Secondaire :
entreprise
Interêt :
stratégie
Média :
actu
Web
Objectif :
comprendre
savoir
Pestel+ :
écologique
technologique

Beaucoup de choses ont été dites sur l’empreinte environnementale du secteur numérique ces dernières années et il est parfois complexe de s’y retrouver. Il est donc plus que bienvenu de faire un point d’étape maintenant que le développement des IA génératives (ChatGPT, Claude, Midjourney, etc.) ajoute une épaisse couche de confusion à une question déjà complexe. Pour le dire simplement, les sciences environnementales appliquées à la numérisation ont deux principales questions de recherche : 1) quelle est l’empreinte environnementale du secteur numérique et ses trajectoires ; 2) est-ce que la numérisation aide à atténuer et à s’adapter à la crise environnementale ou alors augmente les impacts globaux ? Nous nous attacherons ici à faire le point uniquement sur la première question.

Sommaire C’est quoi exactement, le secteur numérique ? Ce que contient l’empreinte environnementale du numérique Évolution récente des estimations mondiales Quelle empreinte carbone du secteur du numérique en France ? 1/ l’empreinte environnementale des terminaux 2/ l’empreinte environnementale des réseaux 3/ L’empreinte environnementale des centres de données IA générative, semi-conducteurs, satellites basse orbite… le numérique vers l’inconnu C’est quoi exactement, le secteur numérique ? Cela peut sembler une question rhétorique mais définir exactement les frontières du secteur numérique est un exercice particulièrement délicat. Dans un premier temps, il nous faut comprendre comment un secteur est défini au sens économique et statistique. Les Nations Unies ont établi une nomenclature type de toutes les activités économiques productives (appelée “Classification internationale type, par industrie, de toutes les branches d’activité économique” ou CITI) qui permet à chaque pays de faire un suivi statistique de son économie et ensuite d’agréger les résultats au niveau national et mondial. La CITI a été mise à jour pour la dernière fois en 2008, l’année où l’iPhone 3G a été mis sur le marché. Dans cette définition, le secteur numérique est un assemblage instable d’activités de fabrication, d’activités d’information et de communication et d’activités de ventes et de réparation. Comment savoir si une activité fait partie du secteur numérique ? En pratique, cela pose de nombreuses questions : quelle part des activités de fabrication de composants électroniques sont attribuables au secteur numérique ou quelle part de l’internet des objets (IoT) (capteurs intelligents, objets connectés, etc.) appartient au secteur numérique. Par exemple, l’empreinte des composants électroniques et des services numériques embarqués qui équipent une voiture aujourd’hui est attribuée au secteur automobile. De même, certains chercheurs considèrent les crypto-monnaies (bitcoin, etc.) comme des services financiers et ne les incluent pas dans le secteur numérique. Dans les nombreuses estimations de l’empreinte environnementale du secteur numérique il est donc toujours important de comprendre ce qui est inclus dans le périmètre d’analyse. Une révision très attendue de la CITI est en préparation et devrait être publiée dès 2026. Les documents disponibles montrent des changements structurels à venir dans la classification des activités numériques, il y a donc fort à parier que ce que nous appelons le “numérique” soit amené à changer dans les années à venir, au moins d’un point de vue statistique et, in fine, environnemental. Les “oublis” d’évaluation du secteur numérique L’autre aspect du secteur numérique est la quasi-absence d’évaluation sur certains de ces pans. Par exemple, nous savons assez peu de choses sur l’impact environnemental global des câbles sous-marins (la dernière analyse de cycle de vie publique date de 2009) mais son impact potentiel est considéré comme très faible et n’a donc pas été le sujet de recherches récentes. Toutefois, le secteur change vite. Les satellites de télécommunications font normalement partie du secteur mais, au vu du peu de données disponibles et de la faible demande relative, nous les avons rarement étudiés. Cette situation a largement évolué depuis quelques années avec le déploiement massif de constellations en orbite basse (Starlink, Oneweb, etc.) qui implique une réévaluation complète de l’impact potentiel de la part satellitaire du secteur numérique que nous aborderons plus bas. Finalement, le secteur a tendance à changer souvent l’appellation de ses produits et services. Par exemple, dans son rapport sur la demande et la consommation d’électricité de 2024 à 2026, l’IEA définit le sous-secteur des centres de données en trois termes : les activités de minage de crypto-monnaies, les centres de données dédiés à l’intelligence artificielle et les centres de données “traditionnels” pour désigner tout ce qui ne sert pas aux deux premières catégories. Ce type de changement de classification informelle au sein d’institutions reconnues montre à quel point la définition du secteur numérique et de ses sous-catégories est mouvante, et ce, malgré les efforts de l’Union Internationale des Télécommunications. Certaines institutions ou équipes de recherche ont aussi tendance à dissocier le secteur numérique et le secteur du divertissement et des médias (TV, film, journaux, magazines, streaming, gaming, etc.), souvent regroupés sous le terme ‘Économie de l’information’. En pratique, ces deux secteurs se superposent de plus en plus et l’inclusion des équipements de divertissement (TV, consoles, etc.) change significativement l’empreinte des équipements utilisateurs. Au vu de la numérisation et de la connectivité grandissante de ces équipements il est préférable de les inclure dans le périmètre numérique dès maintenant et pour les années à venir. Si nous devons plus ou moins stabiliser un périmètre du secteur numérique à des fins pédagogiques, je proposerais le schéma suivant à partir des normes récentes et des connaissances scientifiques stabilisées.