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veilleur1
2025-04-23
Bulletin n° 17 B 3
#Principal :
exemples
numérique responsable
technique métier
#Secondaire :
entreprise
Interêt :
stratégie
Média :
actu
Objectif :
comprendre
Pestel+ :
écologique
technologique
Moins d’images sur le web, éviter l’obsolescence des appareils, limiter le recours aux serveurs... Le numérique peut être plus écologique. De nombreux leviers low-tech existent. Le numérique peut-il être écologique ? Pourrait-il même devenir low-tech ? C’est-à-dire à la fois utile, accessible et durable, pour reprendre la définition du Low-tech lab. Reporterre a entrepris d’explorer cette question à l’occasion du week-end sur la low-tech organisé en partenariat avec le Musée des arts et métiers, à Paris, du 28 au 30 mars.
Actuellement, les deux notions sont plutôt antagonistes : le numérique représente déjà 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et, surtout, cette empreinte carbone augmente rapidement, de 6 % par an, selon les estimations du Shift Project. Et il faut ajouter à cela ses autres conséquences écologiques, dont sa consommation en eau ou son usage désastreux des matières premières.
Plusieurs acteurs du secteur travaillent pourtant à inverser cette dynamique. L’association Designers éthiques, par exemple, insiste sur l’importance du design dans l’empreinte écologique du numérique. Paradoxalement, agir sur sa partie immatérielle (la conception et le développement de pages web, d’applications, etc.) pourrait avoir un effet majeur sur sa matérialité.
Des pages web toujours plus lourdes
« Le principal impact du numérique, c’est la fabrication des équipements [smartphones, ordinateurs, etc.]. Or, plus une page web est complexe, plus elle nécessite des ressources pour être affichée, plus elle va déclencher l’obsolescence du terminal et provoquer l’achat d’un nouvel appareil rapidement, explique Frédéric Bordage, fondateur de l’association Green IT, spécialiste de sobriété numérique. Le levier technique le plus important est donc de travailler à décomplexifier les pages. »
À titre d’exemple, Green IT a comparé une version récente du site de la Deutsche Bahn, l’entreprise ferroviaire publique allemande, avec une version simplifiée de réservation de billets de train en ligne, affichant peu d’images, pas de fonctionnalités annexes indésirées. Résultat : pour rendre le même service, la page sobre est 1 350 fois moins lourde.
En 2023, plus de 40 % des Français vivaient avec un smartphone dysfonctionnel, majoritairement pour des raisons d’obsolescence logicielle, montre également l’équipe du projet Limites numériques.
« Les développeurs, encore plus que la nature, ont horreur du vide »
Pour Frédéric Bordage, cette obésité croissante du web est liée à la sempiternelle logique marchande génératrice de surconsommation : « Pour vendre un ordinateur, il doit être toujours plus puissant que le précédent. Et les développeurs, encore plus que la nature, ont horreur du vide : ils vont exploiter cette puissance à leur disposition pour concevoir des interfaces et des codes toujours plus lourds, nécessitant des machines plus puissantes, c’est une boucle sans fin. »