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veilleur1
2025-04-23
Bulletin n° 17 B 3
#Principal :
culture numérique
numérique responsable
#Secondaire :
entreprise
partenaires
Interêt :
stratégie
Média :
actu
Web
Objectif :
comprendre
savoir
Pestel+ :
écologique
légal
technologique
Faut-il faciliter la multiplication des fermes de serveurs en France ? Pour plusieurs associations engagées dans le numérique, la réponse est non, ou du moins, pas sans consultation démocratique. "Plug, baby, plug". C’est par une formulation parodiant Donald Trump qu’Emmanuel Macron a appelé il y a quelques semaines les industriels du numérique à développer leurs services en France et donc à déployer leurs serveurs sur le territoire. Dans cette optique, l’article 15 du projet de loi de "simplification de la vie économique" vise à faciliter le déploiement de ces infrastructures "d’intérêt national majeur".
Inquiété par l’empreinte carbone de ces entrepôts et par l’accaparement des ressources qu’ils entrainent, La Quadrature du Net et le collectif Le Nuage était sous nos pieds exigent un moratoire avant la construction de nouveaux sites en France.
Les serveurs ont soifs
Première raison citée, leur empreinte environnementale. Alors que la France compte déjà 300 centres de données qui absorbent "2 % de la consommation française totale annuelle" en électricité, La Quadrature du net s’inquiète du "boom spéculatif" que constitue l’IA pour ce secteur. "Plusieurs centres de données d’une puissance maximale de 1 GW, soit l’équivalent d’un réacteur nucléaire, ont été annoncés en février 2025 lors du sommet sur l’IA", dénonce l’association.
Une photo aérienne du Paris Digital Park, immense centre de données situé en Seine–Saint-Denis
Le Paris Digital Park, immense centre de données situé en Seine–Saint-Denis
Accusé d’encourager "l’extractivisme minier", de faire peser des risques sur les populations environnantes en raison des fuites possibles de fioul ou de gaz fluorés ou encore de créer des îlots de chaleurs en pleine ville, ces structures entrainent des "prédations croisées sur l’eau et l’électricité" dénonce La Quadrature du Net.
Le chiffre : les serveurs des Gafam rejettent 662 % de CO2 en plus que ce que les entreprises prétendent
L’immense soif de ces rangées de serveurs est documentée par les géants du numérique eux-mêmes. "Google a par exemple révélé avoir prélevé dans le monde 28 milliards de litres d’eau en 2023, dont les deux tiers d’eau potable, pour refroidir ses centres de données", décortique l’association, s’appuyant sur le rapport environnemental 2023 de Google. Idem pour Microsoft avec une augmentation de 34 % de sa consommation annuelle d’eau.
Une répartition inégale
Si la quantité d’eau utilisée pour refroidir et alimenter ces serveurs n’est pas significative en elle-même, c’est la répartition de cette ressource et son utilisation qui font grincer des dents. Ces immenses fermes de serveurs s’implantent souvent en périphérie des villes et en "cluster", accentuant la tension sur les ressources. L’ïle-de-France, par exemple, comptait à elle seule plus de 160 centres de données en 2023, selon l’Institut Paris Région. Le gros de ce chiffres est d'ailleurs concentré dans les régions les plus précaires de la zone.
La Quadrature du Net souhaite donc un débat et une pause des déploiements le temps de mieux encadrer cette pratique, tout comme certains députés le suggéraient il y a peu. De son côté, le gouvernement ne cache pas son envie d’aller vite sur le sujet. En requalifiant les centres de données de "projet d’intérêt national majeur", la loi permettrait d’éviter la réalisation d'évaluations environnementales.